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Exposition Internationale d’Art Contemporain
Clarens/Montreux (CH) – 16.11. au 21.12.2012

Il nous suffit de taper "21 décembre 2012" sur un moteur de recherche pour se rendre compte de l'impact psychologique de cette date. Parfois aliénantes, parfois sources de révolte ou d'espoir, les centaines de prophéties nous ayant annoncé la fin d'un monde semblent être autant de rappels de notre désarroi face à notre mortalité et à la relativité temporelle.

Le choix du 21 décembre 2012 comme fin de l'exposition est un clin d'oeil. Au-delà de tout messianisme, les textes eschatologiques nous rappellent, quelles que soient nos origines ou nos convictions, que nous sommes capables de nous révolter, de nous questionner, de rêver le changement et la liberté.

L'imaginaire occidental
contemporain (...)
<< L'imaginaire occidental contemporain est imprégné de la pensée de la fin. L'an 2000 s'inscrit d'emblée, pour les tenants d'une pensée eschatologique (millénaristes, messianistes, adventistes, survivalistes, etc.), dans une logique de l'apocalypse, qui est à la fois dévoilement (du grec tardif apokalupsis) et catastrophe. Cette interprétation trouve un écho dans les discours alarmistes de toutes sortes qui s'alimentent, au gré de l'actualité, de développements scientifiques inquiétants, de catastrophes médicales, écologiques (pollution) et planétaires, d'impasses collectives, sociales et privées, d'une résurgence des sectes et des religions. Quand ce n'est pas l'histoire ou les idéologies qui sont réputées finies (Fukuyama 1992), c'est la littérature ou le roman, la musique, la peinture, le livre ou l'imprimé, la culture, l'auteur qui est déclaré mort, après l'homme, après Dieu.

Cet imaginaire n'est pas homogène. La fin qu'il met en scène est tantôt celle du monde, tantôt celle d'un monde, d'une tradition, d'une pratique. Ses lieux sont multiples et l'espace qu'il occupe est, pour les uns, central, par le caractère essentiel des mythes d'origine et de fin du monde (Éliade 1963); et pour les autres, périphérique, constitué de discours marginaux et sectaires, d'aliénation et de persécution. Ses formes sont complexes et il semble que le malaise dont il est le signe soit révélé avec plus de force dans les marges de notre société. >>
Groupe de recherche sur l'imaginaire de la fin
UQAM Le Rétif, no. 1, août 1998
Nous allons vers la
catastrophe (...)
<< Nous allons vers la catastrophe. J.-P. Dupuy, dans son livre Pour un catastrophisme éclairé, nous le dit justement, et propose paradoxalement de reconnaître l’inévitabilité de la catastrophe pour essayer de l’éviter. Mais outre le fait que le sentiment d’inévitabilité peut conduire à la passivité, Dupuy identifie abusivement le probable à l’inévitable. Le probable est ce qui pour un observateur en un temps et un lieu donnés, disposant des informations les plus fiables, apparaît comme le processus futur. Et effectivement tous les processus actuels conduisent à la catastrophe. Mais l’improbable reste possible et l’histoire passée nous a montré que l’improbable pouvait remplacer le probable […] >>
Edgar Morin, Vers l’abîme ?
Le Monde, 1er janvier 2003
Il y a de nos jours une
laïcisation (...)
<< Il y a de nos jours une laïcisation de cette apocalypse chez ceux qui prédisent des catastrophes écologiques sans précédent, à moins que nous accueillions leurs préceptes. Ils ne s'adressent pas à la réflexion critique qui décèle les problèmes cruciaux, qui propose des voies nouvelles, pour comprendre et agir de manière appropriée entre nous et envers notre milieu vital. L'émotionnel prime sur la pensée, en faisant croire prédictible un domaine, celui des systèmes vivants et du climat, qui s'y prête mal. Là où règne la complexité, comme par exemple, dans la finance, la météorologie ou les organismes vivants, les phénomènes sont si sensibles aux conditions initiales qu'ils en deviennent très peu prédictibles. Ils le sont seulement sur le court terme. Un "rien" peut tout faire basculer en un sens inattendu. Devant les pires menaces, il n'est pas fou de vouloir les éviter, de faire comme Damoclès, qui se défait de sa fausse vision des choses et qui, grâce au roi, retrouve une condition de vie moins exposée au danger de la perdre. >>
Extrait d'un échange avec Pierre-Marie Pouget
juillet 2011